TISSER, NOUER, TRESSER
Quand l’art textile redéfinit l’espace : Olga de Amaral à la Fondation Cartier & Chiharu Shiota au Grand Palais
Je suis toujours fasciné par la manière dont l’art peut transformer notre perception de l’espace. En ce moment à Paris, deux expositions illustrent brillamment ce pouvoir immersif : celle d’Olga de Amaral à la Fondation Cartier pour l'art contemporain et celle de Chiharu Shiota au Grand Palais RMN.
Ces deux artistes utilisent le tissage comme un langage, mais chacune le pousse dans des dimensions très différentes. Olga de Amaral fait vibrer la lumière à travers la matérialité de ses œuvres, tandis que Chiharu Shiota enlace le spectateur dans une immersion totale où l’espace lui-même devient une matière à sculpter.
Matière et lumière : Olga de Amaral, une exploration sensorielle
À la Fondation Cartier, Olga de Amaral nous plonge dans un univers où les fibres, l’or et la lumière s’entrelacent pour créer des surfaces vibrantes et mouvantes. Les effets de moirage et la tridimensionnalité de sa série Brumas, où des milliers de fils de coton peints tombent en pluie fine, évoquent la frontière entre le tangible et l’éthéré. Cette approche trouve un écho direct dans l’architecture d’intérieur : jouer sur des matières réfléchissantes, des structures suspendues ou des éléments translucides peut transformer la perception d’un lieu sans en modifier physiquement les limites.
Chiharu Shiota : l’immersion totale dans la tridimensionnalité
Si Olga de Amaral suggère l’espace par des jeux de lumière et de texture, Chiharu Shiota, elle, l’envahit complètement. Son exposition au Grand Palais RMN nous plonge dans des installations monumentales faites de milliers de fils de laine entrelacés, créant un labyrinthe organique où le visiteur se perd.
Ici, l’espace n’est pas seulement un support, il devient l’œuvre elle-même. Impossible de rester spectateur passif : dès que l’on entre dans ses installations, on est absorbé par la densité des fils, qui nous encerclent et nous font perdre nos repères.
En aménagement intérieur, cette approche invite à penser des espaces sensoriels et immersifs, où la spatialité est modelée par la matière et le mouvement. L’idée d’utiliser des éléments suspendus, des structures tissées ou des jeux de transparence peut permettre de structurer un lieu sans le figer, tout en provoquant une véritable expérience émotionnelle.
Deux visions complémentaires du tissage et de l’espace
Si Olga de Amaral et Chiharu Shiota explorent toutes deux le tissage et la tridimensionnalité, elles le font avec des intentions distinctes :
- Olga de Amaral joue sur la matérialité, la lumière et la vibration des surfaces pour créer une relation subtile avec l’espace.
- Chiharu Shiota transforme l’espace en un univers immersif où le spectateur est happé dans une toile monumentale.
Ces deux expositions rappellent que le textile ne se limite pas à la décoration ou à l’ornementation. Il peut être un véritable outil architectural, capable de redéfinir la perception d’un lieu, d’introduire du mouvement et d’inviter à une expérience sensorielle unique.
Que ce soit dans un projet d’aménagement intérieur ou dans l’art contemporain, ces artistes prouvent que l’espace est un matériau vivant, à modeler et à transformer au gré des matières et des émotions. Deux expositions à voir absolument pour nourrir son regard et repenser notre rapport à l’environnement qui nous entoure.